La transformation numérique dans les établissements sanitaires et médico-sociaux est un enjeu majeur, notamment porté par les directions des systèmes d’information (DSI). Olivier Payrastre est chef de projet et responsable du service informatique au sein de la Fondation du Bon Sauveur d’Alby, un établissement sanitaire et médico-social dans les domaines de la psychiatrie et du handicap situé à Albi (81).
Son retour d’expérience illustre les difficultés, les enjeux et les leviers de la transformation numérique en santé.
Quels sont les leviers auprès des professionnels pour conduire la transformation numérique ?
Nous avançons sur les sujets numériques mais le chemin est encore long. Les professionnels perçoivent encore souvent le numérique comme une perte de temps. Pour qu’ils voient l’intérêt, il faut que le numérique leur apporte une aide dans leur quotidien. Les outils doivent être au service des professionnels. Sinon cela restera une contrainte.
Nous avons la chance d’avoir une direction qui est consciente des enjeux du numérique, et qui place ces sujets dans la stratégie de la Fondation. Il est nécessaire que cette transformation soit portée par la Direction.
Ensuite, l’aspect métier est important. Nous devons convaincre les médecins de la Fondation de l’intérêt du numérique dans leur quotidien. Cela passe par exemple par une intervention lors de la Commission Médicale d’Etablissement (CME). Nous échangeons, répondons aux questions des professionnels.
Les projets structurants prennent du temps et la conduite du changement va se faire progressivement.
Quels sont les critères importants pour choisir les outils numériques ?
Ensuite il faut que l’outil soit ergonomique, et qu’il ait une valeur ajoutée pour l’utilisateur car l’un des freins majeurs est le manque de temps des professionnels. Ce qui importe, c’est la bonne prise en charge du patient.
Aujourd’hui nos outils, au sein de la Fondation, sont autocentrés, ils ne permettent pas de faire le lien avec les professionnels extérieurs à la Fondation. On pourrait imaginer des liens entre les requis et les requérants pour échanger sur des situations patients. L’interopérabilité des outils répondrait à ces problématiques.
Que vous apporte le GRADeS dans cette transformation ?
A la Fondation, nous utilisons un certain nombre d’outils portés par le GRADeS :
- SPICO avec la plateforme troubles du neurodéveloppement (TND)
- La Messagerie Sécurisée de Santé (MSS) Medimail
- TéléO est utilisé par la psychogériatrie
- ViaTrajectoire pour accueillir des patients/usagers ou pour les orienter en sortie d’hospitalisation
Nous avons participé au programme SUN ES et au programme CARE. Nous sommes également porteur d’une grappe dans le cadre de l’ESMS Numérique.
La cybersécurité nous occupe aussi pas mal. Nous avons réalisé l’exercice de crise devenu obligatoire pour les établissements de santé en mars dernier.
Nous sommes en veille constante sur l’ensemble les sujets numériques et l’accompagnement mené par le GRADeS est facilitant. Les sollicitations sont nombreuses, il est fondamental que la direction informatique soit informée et associée aux accompagnements. Nous échangeons régulièrement avec les animateurs territoriaux sur les projets en cours.
Comment priorisez vous les projets ?
Le plus souvent le besoin remonte du terrain. Pour les demandes d’investissements, nous collectons les besoins des services au travers d’un questionnaire. Lors de notre réunion de service mensuelle, nous priorisons les besoins. Pour les autres demandes, nous évaluons s’il y a un intérêt pour l’ensemble de la Fondation ou seulement à l’échelle du service. Si c’est à l’échelle du service, nous gérons directement avec eux. Si la demande est structurante pour toute la Fondation, alors nous travaillons en mode projet, et le projet est porté au niveau du COPIL SIH.
Les sujets sont nombreux. Mais notre projet actuel qui mérite une attention toute particulière est l’évolution du SIRH. Ce sujet a longtemps été mis en second plan privilégiant nos efforts sur le soin. Il est temps de rattraper le retard. L’objectif est double, à savoir, faciliter la vie des salariés mais aussi et surtout améliorer notre marque employeur en cette période compliquée sur l’embauche des professionnels de santé.